Alpexpo Grenoble : le premier test pour le nouveau Maire de Grenoble, Eric Piolle
La campagne électorale du nouveau Maire de Grenoble, Eric Piolle, a été un modèle de réussite. Rien n'a manqué au tableau des succès. La liste hétérogène est devenue un exemple de cohabitation solidaire et harmonieuse. Le candidat rassurant parce qu'ingénieur a gagné la course au peuple face aux "socialistes bourgeois" perçus surtout comme "bourgeois" avant d'être "socialistes", ce qui peut être l'un des multiples facteurs de leur défaite.
Il a fallu un article de Libération pour que naisse réellement la perspective d'une alternance à gauche. Au début dans les débats publics, Eric Piolle semblait n'y croire que modérément. Puis, progressivement, il a pris, et il fut d'ailleurs le seul à ce point, l'habitude de préciser "si je suis maire ...".
Les derniers jours de la campagne électorale ont été un fleuve tranquille. Le bon score était assuré. Mais "bon" à ce point là, peu de personnes pouvaient l'imaginer.
Dans les jours qui suivirent, comme classiquement dans de telles hypothèses, les ré-écritures furent nombreuses. Chacun énonçait les facteurs de succès comme autant d'évidences manifestes d'ailleurs jamais signalées le jour venu.
Fondamentalement, Eric Piolle a été le grand collecteur des refus collectionnés au fil des années et plus particulièrement des dernières années. Ceux qui voulaient refuser l'Esplanade et son gigantisme à venir, refuser un socialisme local trop gestionnaire, trop affairiste, trop dominateur, bref toujours trop ...
Il faut aussi le collecteur du refus d'une droite trop marquée par les "affaires", trop divisée ...
En moins de trois mois, Eric Piolle est devenu "mode" dans le regard des Grenoblois. Les conservateurs ont vu en lui un catholique engagé tandis que les "progressistes" ajoutaient "catholique ... de gauche". Ses responsabilités à la région étaient oubliées. Sa candidature aux législatives 2012 était gommée. Eric Piolle vivait sa "première campagne", la "vraie" !
Face à lui, son principal concurrent, Jerôme Safar, s'est trouvé terriblement seul quand Eric Piolle est devenu terriblement entouré. Jérôme Safar défendait le bilan quand Eric Piolle incarnait l'avenir. Jérôme Safar défendait le bilan que les principaux auteurs ne défendaient même plus. Le Maire sortant était ailleurs. La Ministre Grenobloise était à Paris. Le Sénateur Grenoblois était au Sénat. Bref, comme si l'élection n'allait être qu'une étape administrative et si chacun pouvait se consacrer à ses affaires courantes.
Mais l'élection fut une étape politique. Le 1er tour fut une secousse. Le second tour fut un tsunami.
L'installation est intervenue dans ce contexte. Tous sonnés même les élus tant ils découvraient "un autre univers".
La prise de pouvoir a été réussie à l'exception d'une cérémonie aux monuments aux morts où la tenue vestimentaire du nouveau Maire n'a pas été aux goûts d'anciens combattants surpris de voir le premier magistrat de leur ville sans cravate.
Mais avec Alpexpo Grenoble et l'officialisation d'un nouveau déficit de plus de 2 millions d'euros, les "choses sérieuses" débutent.
Comment l'équipe du "tout public" gérera-t-elle la résorption de ce déficit ?
Quel calendrier pour décider ?
Quels critères pour changer ? Et changer pour quoi faire ?
Le temps de la gestion est désormais ouvert et Alpexpo s'annonce comme l'un des premiers marqueurs de la nouvelle équipe municipale : quelles économies ? Quel positionnement de cet équipement ?
Le temps des réalités vient de s'imposer. Peut-être plus vite qu'espéré ... ?