Ségolène Royal face à la campagne impossible
Depuis désormais 22 sondages, la leader socialiste est donnée perdante. C'est dire combien sa prestation de ce soir sur TF1 est essentielle. Mais ses actuelles contraintes dans les relations avec le PS ne la placent-elles pas face à une campagne impossible ?
Un premier constat s'impose. Nous assistons à une campagne imprévue. La droite est unie et conquérante alors même qu'elle était attendue divisée et en difficulté. La candidate socialiste est en passe délicate alors même qu'elle était supposée donner un nouvel élan à son camp.
L'opinion publique appelle au recentrage. Par son profil, Ségolène Royal se prêtait à ce recentrage. Mais le PS ne lui permet pas ce recentrage. Imagine-t-on Nicolas Sarkozy devant débattre le 15 janvier avec l'UMP parce que la veille il avait cité Blum et Jaurès ?
Le parallèle avec 2002 est une comparaison inadaptée. Par son bilan de gestion, Lionel Jospin devait alors "corriger le tir" puisque la cohabitation avait effacé des frontières traditionnelles. En 2007, il n'y a pas de sortie de cohabitation. Le PS doit donc accepter que sa candidate lui échappe pour partie en sachant qu'elle demeure quand même celle qui incarne le moins mal ses idéaux.
La reprise main par le PS trouble le pouvoir d'évocation de la candidate qui devient une candidate comme les autres après avoir été une candidate différente des autres. La placer dans cette logique revient à la condamner à une campagne impossible.
Historiquement, aucune tendance vers la défaite installée aussi durablement n'a été totalement inversée. Certes hier, la démocratie d'opinion était moins pesante et les réflexes de zapping moins forts. Mais c'est une très lourde tâche désormais demandée à la leader socialiste. Le vrai tournant est ce soir. La réorganisation de son équipe de campagne est une mesure de logistique. Ce soir, c'est un vrai dialogue avec les Français qui vont chercher à déchiffrer le tempérament de S. Royal. En cas d'échec ce soir, il sera probablement trop tard.